PAGE 7
La Notion De Conscience (in French)
by
Mais ceci nous menerait beaucoup trop loin. Je ne puis entrer ici dans tous les replis de la theorie de la connaissance, ou de ce que, vous autres Italiens, vous appelez la gnoseologie. Je dois me contenter de ces remarques ecourtees, ou simples suggestions, qui sont, je le crains, encore bien obscures faute des developpements necessaires.
Permettez donc que je me resume–trop sommairement, et en style dogmatique–dans les six theses suivantes:
* * * * *
1^o La Conscience, telle qu’on l’entend ordinairement, n’existe pas, pas plus que la Matiere, a laquelle Berkeley a donne le coup de grace;
2^o Ce qui existe et forme la part de verite que le mot de “Conscience” recouvre, c’est la susceptibilite que possedent les parties de l’experience d’etre rapportees ou connues;
3^o Cette susceptibilite s’explique par le fait que certaines experiences peuvent mener les unes aux autres par des experiences intermediaires nettement caracterisees, de telle sorte que les unes se trouvent jouer le role de choses connues, les autres celui de sujets connaissants;
4^o On peut parfaitement definir ces deux roles sans sortir de la trame de l’experience meme, et sans invoquer rien de transcendant;
5^o Les attributions sujet et objet, represente et representatif, chose et pensee, signifient donc une distinction pratique qui est de la derniere importance, mais qui est d’ordre FONCTIONNEL seulement, et nullement ontologique comme le dualisme classique se la represente;
6^o En fin de compte, les choses et les pensees ne sont point foncierement heterogenes, mais elles sont faites d’une meme etoffe, etoffe qu’on ne peut definir comme telle, mais seulement eprouver, et que l’on peut nommer, si on veut, l’etoffe de l’experience en general.
FOOTNOTES:
[1] [A communication made (in French) at the Fifth International Congress of Psychology, in Rome, April 30, 1905. It is reprinted from the Archives de Psychologie, vol. V, No. 17, June, 1905.] Cette communication est le resume, forcement tres condense, de vues que l’auteur a exposees, au cours de ces derniers mois, en une serie d’articles publies dans le Journal of Philosophy, Psychology and Scientific Methods, 1904 et 1905. [The series of articles referred to is reprinted above. ED.]
[2] The Sense of Beauty, pp. 44 ff.
[3] The Life of Reason [vol. I, “Reason in Common Sense,” p. 142].