**** ROTATE **** **** ROTATE **** **** ROTATE **** **** ROTATE ****

Find this Story

Print, a form you can hold

Wireless download to your Amazon Kindle

Look for a summary or analysis of this Story.

Enjoy this? Share it!

PAGE 4

La Notion De Conscience (in French)
by [?]

Les qualites secondes elles-memes, chaleur, son, lumiere, n’ont encore aujourd’hui qu’une attribution vague. Pour le sens commun, pour la vie pratique, elles sont absolument objectives, physiques. Pour le physicien, elles sont subjectives. Pour lui, il n’y a que la forme, la masse, le mouvement, qui aient une realite exterieure. Pour le philosophe idealiste, au contraire, forme et mouvement sont tout aussi subjectifs que lumiere et chaleur, et il n’y a que la chose-en-soi inconnue, le “noumene,” qui jouisse d’une realite extramentale complete.

Nos sensations intimes conservent encore de cette ambiguite. Il y a des illusions de mouvement qui prouvent que nos premieres sensations de mouvement etaient generalisees. C’est le monde entier, avec nous, qui se mouvait. Maintenant nous distinguons notre propre mouvement de celui des objets qui nous entourent, et parmi les objets nous en distinguons qui demeurent en repos. Mais il est des etats de vertige ou nous retombons encore aujourd’hui dans l’indifferenciation premiere.

Vous connaissez tous sans doute cette theorie qui a voulu faire des emotions des sommes de sensations viscerales et musculaires. Elle a donne lieu a bien des controverses, et aucune opinion n’a encore conquis l’unanimite des suffrages. Vous connaissez aussi les controverses sur la nature de l’activite mentale. Les uns soutiennent qu’elle est une force purement spirituelle que nous sommes en etat d’apercevoir immediatement comme telle. Les autres pretendent que ce que nous nommons activite mentale (effort, attention, par exemple) n’est que le reflet senti de certains effets dont notre organisme est le siege, tensions musculaires au crane et au gosier, arret ou passage de la respiration, afflux de sang, etc.

De quelque maniere que se resolvent ces controverses, leur existence prouve bien clairement une chose, c’est qu’il est tres difficile, ou meme absolument impossible de savoir, par la seule inspection intime de certains phenomenes, s’ils sont de nature physique, occupant de l’etendue, etc., ou s’ils sont de nature purement psychique et interieure. Il nous faut toujours trouver des raisons pour appuyer notre avis; il nous faut chercher la classification la plus probable du phenomene; et en fin de compte il pourrait bien se trouver que toutes nos classifications usuelles eussent eu leurs motifs plutot dans les besoins de la pratique que dans quelque faculte que nous aurions d’apercevoir deux essences ultimes et diverses qui composeraient ensemble la trame des choses. Le corps de chacun de nous offre un contraste pratique presque violent a tout le reste du milieu ambiant. Tout ce qui arrive au dedans de ce corps nous est plus intime et important que ce qui arrive ailleurs. Il s’identifie avec notre moi, il se classe avec lui. Ame, vie, souffle, qui saurait bien les distinguer exactement? Meme nos images et nos souvenirs, qui n’agissent sur le monde physique que par le moyen de notre corps, semblent appartenir a ce dernier. Nous les traitons comme internes, nous les classons avec nos sentiments affectifs. Il faut bien avouer, en somme, que la question du dualisme de la pensee et de la matiere est bien loin d’etre finalement resolue.

Et voila terminee la premiere partie de mon discours. J’ai voulu vous penetrer, Mesdames et Messieurs, de mes doutes et de la realite, aussi bien que de l’importance, du probleme.

Quant a moi, apres de longues annees d’hesitation, j’ai fini par prendre mon parti carrement. Je crois que la conscience, telle qu’on se la represente communement, soit comme entite, soit comme activite pure, mais en tout cas comme fluide, inetendue, diaphane, vide de tout contenu propre, mais se connaissant directement elle-meme, spirituelle enfin, je crois, dis-je, que cette conscience est une pure chimere, et que la somme de realites concretes que le mot conscience devrait couvrir, merite une toute autre description, description, du reste, qu’une philosophie attentive aux faits et sachant faire un peu d’analyse, serait desormais en etat de fournir ou plutot de commencer a fournir. Et ces mots m’amenent a la seconde partie de mon discours. Elle sera beaucoup plus courte que la premiere, parce que si je la developpais sur la meme echelle, elle serait beaucoup trop longue. Il faut, par consequent, que je me restreigne aux seules indications indispensables.